Une rose sans épine pour l’institution Unisanté de Lausanne

Il est vrai qu’habituellement, l’ASMAV, aurait tendance à distribuer des mauvais points aux services et établissements peu sensibles aux valeurs que nous défendons. Et lorsque chaque année, notre faitière, l’asmac, envoie toutes les sections à la recherche de candidat.e.s pour la Rose de l’hôpital, nous nous creusons les méninges, pour trouver une instance/un service en lien avec nos critères.

En 2020 cependant, étant alors pris entre deux vagues de COVID-19, une candidature vient bousculer nos repères : Unisanté souhaite postuler. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais non. En plus d’être candidat, Unisanté nous a, à nouveau entre deux vagues, transmis un dossier détaillant les différentes mesures prises pour aider les jeunes médecins à concilier deux domaines complémentaires mais qui, souvent et surtout en temps de pandémie, s’affrontent : la nécessité de répondre à la demande de soins, et celle d’avoir le temps de se former, sans s’oublier. Sacré défi.

Tout d’abord, un.e médecin en formation a à cœur d’être formé.e sur son lieu de travail. Cela passe évidemment par la pratique clinique supervisée, mais également par l’octroi de temps dédié à la formation théorique. Or, ce temps est souvent à défendre, notamment dans les services où les effectifs tolèrent difficilement les imprévus, lors de travail à temps partiel, ou encore lors d’une surcharge d’activité, comme ce fut le cas lors de la pandémie à COVID-19.

Pour nos jeunes médecins, l’arrêt de la formation et la réorganisation de la clinique, certes nécessaire et stimulante, a aussi été source de questionnement. Qu’adviendra-t-il de la validation de l’année ? De l’acquisition des connaissances ? De l’obtention de crédits de formation ? A Unisanté, en plus de bénéficier de 2 jours d’introduction complets et des 3 jours de formation minimum inscrit dans la CCT, les médecins ont eu l’opportunité de pouvoir poursuivre leur cursus théorique de manière personnalité, grâce à la mise en place rapide de module d’apprentissage virtuel, et au maintien d’un temps dédié, à raison de 2 demi-journées par mois. Et ce, quel que soit le taux d’activité. Par ailleurs, les médecins ont rapidement pu reprendre ces différents modules.

Une autre thématique qui nous occupe est celle de la conciliation entre vie privée et vie professionnelle. Pour les médecins, l’améliorer passe souvent par le choix de travailler à temps partiel. Mais ces pourcentages réduits sont souvent l’exception plutôt que la règle, surtout dans les postes de médecins assistant.e.s, pour des raisons diverses. Prolongation de la formation post graduée ou salaire moindre du côté des médecins, complexité de planification et places de formation limitées du côté des institutions figurent parmi les obstacles. Cependant, Unisanté a su montrer qu’un fonctionnement est possible avec un nombre élevé de postes à temps partiels (plus de 50% des postes de Mas et CdC).

Le 3ème domaine qui nous occupe principalement est celui de la gestion des grossesses et plus généralement de l’égalité des genres et des chances. Nous observons fréquemment une certaine difficulté à faire respecter les normes légales de protection des femmes enceintes et allaitantes, ainsi qu’à mettre en place des remplacements. Unisanté, sans autre mesure, adapte directement les plannings en respectant les 9h quotidiennes, les règles relatives au piquet et aux gardes, en permettant une adaptation à mesure de la grossesse. Les pères ont également la chance de pouvoir bénéficier d’un congé parental de 20 jours, le double donc que celui approuvé il y a quelques mois par la population.

Ce qui est à retenir : écouter les médecins en formation, s’adapter à leurs besoins et à leurs exigences qui évoluent au fils des générations, est indispensable pour toute institution qui souhaite maintenir son attractivité.

Alors merci, Unisanté, de montrer qu’un chemin fait de discussions, d’adaptation et de compromis, est possible. C’est la santé de chacun.e qui a tout à y gagner: une institution qui prend soin de ces employé.e.s, pour qu’à leur tour, il.elle.s prennent soin au mieux de leurs patient.e.s

Selon le discours rédigé et prononcé par Agathe Greiser Evain lors de la cérémonie de remise de la Rose du 21.06.2021 – Adaptation : Sandrine Devillers

De gauche à droite: Dr Alexandre Gouveia, Dr Philippe Staeger, Dre Silva Auer, Ivan Bauer, Agathe Greiser Evain, Présidente ASMAV* et Prof. Jacques Cornuz.© Marc Rouiller

*Association suisse des médecins assistants et chefs de clinique, section Vaud

https://www.unisante.ch/fr/unisante/actualites/distinction-unisante-se-voit-decerner-rose-lasmac-2020