32’500-. la formation FMH de psychiatre-psychothérapeute? Est-ce bien raisonnable?

 

Réforme FMH 2009 et ses conséquences

En 2009, le règlement de la formation post-graduée est devenu beaucoup plus exigeant. Sur le plan théorique uniquement, ce sont alors 600 heures de cours, 150 heures de supervision à l’hôpital, 150 heures de supervision de psychothérapie au sens strict et 80 heures de travail personnel qui sont désormais nécessaires pour obtenir le titre. A noter que les coûts de la supervision externe et de la thérapie personnelle uniquement, sont estimés à 25.000-.par médecin en formation.

Face à cela, le CEPUSPP, Centre d’Enseignement Post-Universitaire pour la Spécialisation en Psychiatrie et Psychothérapie, subit une refonte complète pour remplir ces nouvelles exigences fédérales. L’enseignement regroupe désormais tous les cantons romands (à l’exception de Genève) afin d’en améliorer la cohérence et de limiter les coûts. La plupart des cours sont alors regroupés dans les environs de Lausanne, au sein du Département de Psychiatrie du CHUV. Dès lors, la question de faire participer les médecins assistants aux frais du CEPUSPP, ces derniers ayant alors considérablement augmentés, s’est posée. Un important mouvement de contestation de la part des participant-e-s a émergé et abouti à la création d’une association de défense des droits à la formation en psychiatrie, l’ALPPF (Association Latine des Psychiatres-Psychothérapeutes en Formation). La formation a ensuite été dispensée conformément aux exigences FMH et intégralement financée par les institutions responsables de la formation postgraduée de leurs médecins assistant-e-s et chef-fe-s de clinique adjoint-e-s en formation.

L’explosion des coûts

En 2017, nous nous trouvons face à un nouvel assaut des établissements cantonaux de psychiatrie. Les directeurs de ces derniers, regroupés sous une nouvelle association fraîchement constituée, L’ARIP (Association Romande des Institutions Psychiatriques), transmettent la nécessité de rendre l’enseignement postgradué à la charge des médecins en formation. L’objectif étant l’autofinancement, les montants avancés estiment à 3000.- en moyenne le coût d’une année de cours par médecin assistant-e (15’000.- au total). 

Cette explosion des coûts serait expliquée par les frais de fonctionnement (location des salles du CHUV par exemple) et par la mise en place de postes de secrétaires et de responsables pédagogiques ainsi que la densification des exigences de la formation, menée désormais sur 5 années consécutives. La décision de faire supporter la moitié de ces coûts au participant-e est alors décidée, ce qui a été catégoriquement rejeté lors de l’assemblée générale de l’ALPPF.

Un sentiment d’injustice face aux autres disciplines médicales

Les médecins en formation considèrent que cette formation fait partie intégrante de leur contrat de travail et se sentent traité-e-s de manière injuste face aux autres disciplines médicales. A titre d’exemple, nous avons rarement considéré qu’il fallait facturer la location des salles de colloque de radiologie pour les médecins chirurgiens/chirurgiennes en formation.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que d’une part l’ISFM exige 420 crédits (un crédit correspond à 45-60 min de formation théorique) pour l’obtention du titre de psychiatre-psychothérapeute, mais d’autre part pour qu’un établissement puisse être qualifié de formateur par cette même institution, il doit offrir un accès à des cours théoriques. Ainsi, la question de l’obligation de dispenser des cours et d’en assumer les coûts concerne les établissements de formation face à l’ISFM.  Nous, médecins en formation, n’avons aucune prise sur ces décisions et estimons que nous n’avons donc pas à en supporter les conséquences. Dans ce sens, même un financement partiel, de 50% du prix de la formation, ne nous semble pas acceptable.

Quelles motivations à devenir psychiatre?

Considérant cela, nous sommes inquiet-e-s quant à l’avenir de notre formation, rendue clairement moins attractive par ces coûts exigés. L’argument du « vous gagnerez bien assez après votre titre » souvent entendu lors des négociations ne semble pas cohérent non plus, les médecins psychiatres étant parmi ceux qui gagnent le moins.

A souligner qu’actuellement, et sans prendre en compte l’éventuel arrêt de la gratuité du CEPUSPP, il existe déjà un déficit de psychiatres. Nous craignons donc que cette mesure éloigne davantage les futur-e-s médecins de la psychiatrie, ce qui aggraverait ce réel problème de santé publique.

 
Auteures: Ira Alamani et Clémence Piaux, vices-présidentes de l’ALPPF (Association Latine des Psychiatres-Psychothérapeutes en Formation)