Un élan pour une Suisse libre de pesticides et pour des eaux propres

Du scandale mondial de Monsento…

Je me souviens, j’étais toute jeune étudiante en médecine. En 2008, le documentaire « Le monde selon Monsento » fit grand bruit. Mensonger, créateur de maladies, mettant certains agriculteurs à leur merci… Monsento avec son fameux RoundUp ne pouvait qu’en rougir. Je me suis dit, probablement de peur et d’innocence, « Cela n’est pas comme ça chez nous, et puis, avec ce documentaire choc, cela va changer ». Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts ou plutôt, des pesticides ont coulé dans nos éviers, des preuves montrant les dégâts sanitaires de ces produits se sont accumulées mais les choses ont finalement peu évolué. 

… à la mobilisation visible des scientifiques.

Ces dernières années, nombres de scientifiques de tout continent dénoncent, par le biais d’articles, de conférences, de manifestations, les conséquences irréversibles de notre mode de vie. A un niveau plus local, un groupe d’initiant.e.s suisses, composé de soignant.e.s, mais également d’agriculteur.trice.s, n’ont plus pu fermer les yeux et faire comme si rien ne se passait. Dans leurs initiatives, ils proposent ainsi une transition majeure, voire impérative, cependant en douceur (10 ans), et surtout, dénoncent une réalité que beaucoup ne souhaitent pas voir : les pesticides attentent à notre santé, du début de notre vie fœtale à notre retour à la terre. Il s’agit d’ailleurs d’une réalité communément admise dans d’autres pays (ce qui n’empêche pas de ne pas changer), puisque la maladie de Parkinson et certains cancers sont considérés comme des maladies professionnelles chez les agriculteurs français.

La prévention des maladies passe également par l’accès équitable à un environnement sain.

Dans le canton de Vaud, la Direction Générale de la Santé a défini comme champs d’action premier, dans son plan d’action 2018- 2022, la promotion de la santé et la prévention (https://www.vd.ch/fileadmin/user_upload/themes/sante/actualite/2018/RPSP_2018-2022.pdf).

Or, on le sait, beaucoup des maladies actuelles, fléaux de notre société, telles que l’obésité, le diabète et autres maladies cardiovasculaires, peuvent être prévenues par des mesures d’éducation et d’hygiène de vie. L’accès à une alimentation libre de pesticides permettrait de prévenir d’autres troubles certes moins connus mais non moins dramatiques, comme la maladie de Parkinson ou certains lymphomes. Par ailleurs, le système économique actuel en matière d’alimentation conventionnelle versus bio fait face à une différence de prix telle qu’il est difficile, pour une famille au revenu modeste, d’investir dans du bio. Approuver l’usage de pesticides, c’est aussi approuver le fait que seule une frange de la population suffisamment aisée peut s’en passer, réservant ainsi certaines maladies à ceux qui ont le moins de moyens, et le développement d’une « santé à deux vitesses ».  Concernant la Loi CO2, elle semble complémentaire à ces deux initiatives, puisqu’il s’agit d’améliorer également la qualité de l’air que nous respirons.

Le 13 juin, n’a pas suffi à mobiliser la population sur ces enjeux environnementaux et de santé. Il s’agira donc de continuer à informer sur la qualité de ce que nous respirons, mangeons et buvons. En tant que soignant.e.s, nous devons bien réfléchir à notre mission, de soigner mais également d’assurer à nos concitoyenn.es un environnement sain et de qualité.

Agathe Greiser-Evain

Pour en savoir plus sur l’initiative et diffuser les informations parmi vos proches, vos patient.e.s, vos collègues, vous pouvez vous rendre sur le sites de initiant.e.s (http://lebenstattgift.ch/fr), le site de l’association Engagés pour la santé avec son argumentaire étayé d’une synthèse de la littérature disponible (https://engagespourlasante.com/2021/05/05/notre-diagnostic-est-clair-les-pesticides-fabriquent-des-malades/)