Actualités

Actualités

Bilan des activités de l’ASMAV 2015

Conditions de travail
Horaire fixe : En août 2015, le chef du Département de la Santé et de l’Action Sociale (DSAS), le Conseiller d’Etat Pierre-Yves Maillard, a proposé l’introduction d’un horaire hebdomadaire fixe pour les médecins assistant.e.s et les chef.fe.s de clinique. Pour rappel, la Convention Collective de Travail (CCT) actuellement en vigueur définit le temps de travail comme : « la durée du travail hebdomadaire peut varier entre l’horaire normal du personnel de l’hôpital concerné et cinquante heures. Les heures effectuées entre les deux sont des heures supplémentaires qui ne donnent lieu ni à compensation, ni à rémunération ». Selon le chef du département, cette situation est à l’origine d’une inégalité, car le médecin qui travaille 41h30 par semaine recevra le même salaire que celui qui travaillera 50h par semaine. De plus, la situation actuelle pose un problème de compensation des heures supplémentaires car, par exemple, pour récupérer 4 heures supplémentaires le médecin doit faire une semaine de 37h30 (41h30 – 4h), ce qui rend une compensation des heures supplémentaires en temps difficile pour les services. La situation actuelle complique la tâche des personnes qui font les horaires et induit un flou (dans plusieurs service l’horaire « normal » est de 50h). Après avoir longuement débattu de cette question, le comité de l’ASMAV a décidé de débuter les négociations afin d’introduire un horaire fixe par semaine. Cependant, pour le comité de l’ASMAV, le problème principal reste l’application de la loi. De plus, l’allégement des tâches administratives, l’engagement de plus de personnel et la réorganisation des services demeurent des points centraux à l’amélioration des conditions de travail selon l’ASMAV.Les négociations d’une nouvelle convention fixant les conditions de travail (CCT) avec la fédération des hôpitaux vaudois reconnus d’intérêt public (FHV) ont occupé l’ASMAV pendant toute l’année 2015 et un accord est à bout touchant. Les deux points en suspens sont les indemnités pour le travail de nuit et de weekend et l’horaire fixe.Pour renforcer notre activité sur le terrain, des visites dans différents hôpitaux du canton ont eu lieu en 2015 (Vevey, Yverdon et Payerne). Notre juriste et notre secrétaire générale ont animé des colloques d’information pour les médecins assistant.e.s et chef.fe.s de clinique concernant les activités de l’ASMAV. De vives discussions autour des conditions de travail et de la formation post-graduée ont eu lieu lors de ces rencontres. Nous avons l’impression que ces visites ont largement été appréciées.
Si vous souhaitez organiser une visite dans votre service / hôpital, contactez-nous :asmav@asmav.ch
Enfin, nous avons continué avec nos « activités quotidiennes » : interpellations de la direction du CHUV et d’autres hôpitaux concernant des irrégularités en lien avec les conditions de travail, soutien, notamment juridique, des membres et suivi et soutien des mesures visant à augmenter les postes à temps partiel etc.
Formation post-graduée
L’organisation de la formation post-graduée en Romandie, mais également au niveau national, est un sujet qui anime la scène médicale et politique. Sur le plan politique (notamment en raison de la pénurie des médecins de famille dans certaines régions), il y a une volonté d’améliorer le pilotage de la répartition des médecins.Le Prof. Pierre-André Michaud, professeur émérite de la médecine des adolescents a nouvellement été mandaté par le Service de la Santé publique du canton de Vaud pour « l’optimisation des parcours de formation post-graduée en Suisse Romande ». Le mandat vise à déterminer comment organiser de façon rationnelle la formation post-graduée notamment dans le champ de la médecine de premier recours au sens large (y.c. la pédiatrie, la gynécologie ou la psychiatrie), pour limiter sa durée et l’adapter de la manière la plus optimale aux besoins de la population.Dans ce contexte a eu lieu une journée de réflexion au mois de septembre, où se sont rencontrés des politiciens, des membres de l’ISFM (Institut Suisse pour la formation médicale post-graduée) ainsi que des représentants des médecins en formation de l’ASMAV et l’AMIG (association genevoise) pour échanger des idées et discuter autour d’une table ronde.Les sujets abordés étaient les modèles des filières dans la formation post-graduée, les circuits/cursus pré-organisés de formation, la formation des médecins cadres des hôpitaux non universitaires et le mentoring des médecins sans projet professionnel.La thématique est complexe car elle intègre différents aspects (coûts, profession libérale, santé publique, système politique…), d’autant plus que les chiffres actuels, concernant l’offre (nombre de médecins) et la demande (besoins de la population) sont passablement lacunaires.En conclusion, l’ASMAV s’est montrée sceptique face aux efforts de pilotage de la formation médicale post-graduée mais continue à participer aux discussions concernant la formation post graduée et poursuit ses réflexions quant à son optimisation.
Installation en cabinet
En septembre a eu lieu la troisième édition des modules de formation à l’installation en cabinet. Cette formation a battu des records de participation et a été particulièrement appréciée. Il est prévu de pérenniser cette formation, rendez-vous en septembre 2016 pour la prochaine édition.La brochure « Ouverture d’un cabinet médical – mode d’emploi pratique », dont la dernière version date de 2009, sera rééditée dans le courant de l’année 2016.De plus, nous continuons à participer aux réflexions concernant l’installation en cabinet en participant à la « plateforme cantonale de médecine de famille et de l’enfance », au « cursus romand de médecine de famille » et au COPIL pour le programme vaudois d’assistanat au cabinet. Nous bénéficions également d’un siège au conseil de fondation de la « Fondation Avenir Santé ». Cette fondation, créée en 2015, est issue d’un partenariat public-privé avec d’un côté la Société Vaudoise de Médecine (SVM) et d’un autre le Département de la Santé et de l’Action Sociale (DSAS). Ses buts sont de favoriser la relève médicale dans le canton de Vaud et l’étude de nouvelles formes d’organisation de la pratique médicale, afin de promouvoir des offres qui sont  adaptées aux besoins de la population vaudoise.

Lire la suite

Ancien membre de l’ASMAV: portrait

S’engager à l’ASMAV : dans quel intérêt ? Comment trouver le temps ?  Faut-il s’y connaître ? Quel risque pour ma carrière ?  …Toutes ces questions habituelles et légitimes apparaissent lorsque l’on réfléchit à la possibilité de s’investir dans l’ASMAV. Nous vous proposons des pistes de réponses à travers des interviews d’anciens membres actifs de l’ASMAV.
 

Retour sur le portrait du Dr Kim De Heller, ancien vice-président de l’ASMAV.
Peux-tu faire un résumé de ton parcours professionnel et personnel ?Je n’aurais jamais pensé faire médecine…. Après 6 mois de « découvertes » à HEC St-Gall, des voyages, 2 ans à « transports Handicaps » , une formation en cours d’emploi à l’EESP (Ecole d’études sociales et pédagogiques) puis un travail comme animateur social dans un EMS en psychogériatrie, les circonstances m’ont fait (enfin ?) réfléchir à mon avenir. A 24 ans, sur suggestion d’une amie, je m’inscris en fac de médecine à Lausanne…  retour sur les bancs d’uni après 5 ans d’autonomie, une épreuve ! Mais la motivation donne la force de surmonter beaucoup de choses. Mon souhait était de devenir médecin de village, des gens, de la communauté ! En 1996, diplôme obtenu, début de l’assistanat en périphérie. Je me souviens que mes patrons m’avaient proposé de faire un remplacement de 6 mois dans leur service tout en faisant les gardes où, seuls, on gérait les urgences et l’hôpital. Petit calcul : Avec un salaire de médecin assistant et le nombre d’heures qu’on faisait…. j’arrivais à un salaire de moins de 14.- CHF/heure… pour un médecin! Et je payais ma femme de ménage 20.- CHF/heure. A ce moment est né le début de ma réflexion : il y a un « bug », comment faire changer les choses !Je termine mon assistanat en périphérie, suite à quoi  PMU, DMI, CDC en périphérie et retour comme CDC à la PMU. Et enfin en 2004 installations dans un cabinet de groupe à Lausanne avec une patientèle fidèle qui me rends beaucoup. Quand t’es-tu engagé dans le comité de l’ASMAV et quels postes occupais-tu ?Avant l’ASMAV, je faisais partie de l’AEML, notamment dans la commission concernant les études de médecine. J’ai vite été membre de l’ASMAV dès mon retour sur Lausanne, c’est à l’époque le Dr Matter, ancien Président, qui m’a empêché de m’y échapper !! Il commençait déjà la réflexion avec l’ASAMC sur la loi sur le travail pour les médecins assistants. Objet qui semblait hors réalité à l’époque. « Mon Dieu, soyez déjà heureux qu’on vous forme, alors bossez et taisez-vous ! » étaient les phrases usuelles. Il n’y avait pas de limite d’heures. Puis, a débuté « la grande Guerre » ; réflexion, négociation, information, combat, menaces, grève, médias, défilés, manifestations, pour finalement arriver à une convention entre l’Etat de Vaud, les hospices, la FHV et les médecins permettant l’introduction de la loi sur le travail, en 2003. Nous étions un comité soudé de 8 à 10 personnes, avec une avocate engagée (Me Novier). J’étais un des deux vice-présidents. Après ce dur combat l’ASMAV a faibli, épuisée. Chacun d’entre nous qui avions sacrifiés nos projets à ce combat particulier se sont remis sur leurs routes. En 2004, l’arrivée du Dr Wilson l’a remise sur les rails.Pourquoi t’es-tu engagé dans le comité de l’ASMAV ?Faire partie de l’ASMAV, c’est participer à l’amélioration de la condition de notre statut, fonction, rôle et cadre. Mon expérience de salaire horaire mentionnée au début y a probablement été un des moteurs. Mais râler dans mon coin sur des défauts de ma fonction n’aide pas, hormis augmenter une frustration éventuelle. Par contre, participer à la réflexion au sein d’une structure qui peut être entendue permet de défendre activement ses opinions. Faire bouger et avancer les choses de manière constructive. La preuve en a d’ailleurs été là avec la signature de la convention cadre ayant abouti à la situation actuelle, meilleures conditions, salaire digne et maintien de la qualité de la formation. Sans l’ASMAV cela n’aurait pas été possible, il était donc logique de s’y engager !Quelles sont les actions de l’ASMAV qui t’ont le plus marqué lors de ton implication dans le comité ?Indéniablement, toutes les négociations et réflexions puis, la mise en application de la Loi sur le travail des MA. Autant au sein des hôpitaux avec les cadres des services, puis avec l’administration, et finalement avec les Politiques et l’Etat. Toutes ces étapes sont à chaque fois une découverte des soucis et craintes des « autres », les partenaires, pour qui il faut chaque fois trouver une solution afin qu’ils acceptent de bouger avec nous. Les négociations avec les conseillers d’Etat jusqu’à tard dans la nuit, quitter la table de négociation en tapant du poing, pour se faire rappeler avec un petit acquis de plus. Parler au TJ pour essayer de convaincre la population du bienfondé de notre action et garder les gens avec nous lors de notre grève des crayons. Réfléchir sur les stratégies à prendre et les communiquer dans des auditoires et parfois dans la rue ! Finalement la grève des crayons… Un bras de fer mémorable. C’était du 24/24H. Puis, trouver des solutions acceptables pour tous. Un juste milieu. Jusqu’aux signatures de la convention. Apprendre et découvrir les soucis des autres partenaires, leurs problèmes, leurs freins, passionnant !Qu’as-tu appris de ton implication dans l’ASMAV ?Nos soucis sont aussi souvent les soucis des autres. Mais pour avancer, il faut faire avec les freins et les forces des autres. L’art du compromis. Beaucoup de collègues merveilleux avec des facettes méconnues qui les honorent. J’ai aussi appris à mieux connaitre cette grande institution que sont les hospices et son implication avec l’Etat. Qu’avec conviction et solidarité on peut soulever des montagnes. Trouver les justes vitesses. La patience et la persévérance.Est-ce que ton implication dans l’ASMAV a modifié tes projets de carrière ?Cela m’a plutôt aidé à prendre des décisions après avoir pu explorer plus intensément les mécanismes autour de la santé, les implications de corporations qui m’étaient abstraites, les limites des structures environnantes. Impliqué activement dans un mouvement qui a bouleversé un équilibre, changé les acquis, a forcément créé des frustrations, donc quelques animosités. C’est vrai que la veille de ma nomination comme médecin associé en 2004, on est venu m’informer qu’un véto institutionnel, jamais avoué, refusait ma nomination. Cela a été probablement le prix à payer de mon implication engagée. Mais dans le fond cela m’a grandi et renforcé dans mes convictions. Je ne regrette rien, au contraire, ce fut une merveilleuse expérience qui m’a procuré de nombreux soutiens ailleurs et probablement poussé bien plus en avant. Je me souviens d’une phrase dans les corridors du Prof Darioli qui me dit « dans votre combat actuel, vous vous ramasserez quelques coups tordus, mais vous aurez beaucoup appris et progressé au final ». C’était vrai. Et cela m’a aidé à m’installer comme indépendant, tout en gardant un pied dans l’institution, et par la suite continuer à défendre mes idées et ma profession dans la SVM.Avec les horaires de médecin assistant (et une famille), comment trouver du temps pour participer à des activités extra-professionnelles?C’était plus difficile avec les horaires d’avant sans la LTr, mais comme CDC et avec un patron soutenant, dans la discussion, on arrive à trouver du temps. Merci à eux. Ma famille n’a jamais été délaissée, mes enfants furent une ressource pour vouloir arriver à de meilleures conditions permettant finalement de les voir plus. Il était également important pour moi que mes futures collègues puissent avoir une vie de famille décente. Il faut s’organiser, faire quelques concessions, mettre des limites. C’est aussi un apprentissage.Pourquoi est-ce important de s’engager dans l’ASMAV selon toi ?Pour maintenir ses acquis il faut en faire partie. C’est la défense de notre corporation. Nous faisons partie d’une profession impliquée dans la société. On ne vit pas en autarcie. On doit tous apporter une pierre, aussi petite soit-elle, à la corporation. Et si on souhaite des changements… c’est la seule solution pour avancer. L’union fait la force, chacun apporte ses compétences et son savoir pour trouver des solutions. Sans l’ASMAV, nous n’en serions pas où nous sommes aujourd’hui !Si tu devais recommencer, referais-tu partie du comité de l’ASMAV?Oui, sans hésiter. Une merveilleuse expérience de vie et connaissance de l’environnement et des structures nous entourant. Que des découvertes. Que du progrès. Continuez le travail, impliquez-vous, défendez vos idéaux et intérêts pour votre profession et le bien de tous.

Lire la suite

Le mot de l’avocat: Grossesse et devoir d’informer

De manière générale, lors d’un entretien d’engagement, l’employeur a le droit de poser des questions sur ce qui est en relation directe et objective avec la prestation de travail à fournir. Tel n’est en principe pas le cas des renseignements qui sont du domaine de la sphère privée du candidat ou de la candidate.
 

Lire la suite

Le mot de l’avocat: quelques considérations sur le travail de nuit

Quelques considérations sur le travail de nuit (cf. notamment art. 17 et suivants LTr, 28 et suivants OLT 1, 15 Convention hôpitaux publics VD)
1. Interdiction du travail de nuit – exceptions
Selon la loi sur le travail, le travail de nuit est en principe interdit, ceci pour des raisons de santé. Cette interdiction comporte toutefois des exceptions, à savoir lorsque le travail de nuit est indispensable.Pour ce qui est des médecins, il a été considéré que le travail de nuit était indispensable, raison pour laquelle il est globalement autorisé dans les hôpitaux et pour les médecins assistants et chefs de clinique. 
2. Définition du travail de nuit
La loi sur le travail prévoit que le travail de nuit est celui compris entre 23 heures et 6 heures.Il s’agit cependant d’une réglementation minimale et rien n’empêche les cantons de prévoir plus largement la période considérée comme travail de nuit et d’étendre donc la protection des travailleurs. Tel est le cas notamment dans la Convention applicable au CHUV, où il est prévu que le travail de nuit est celui compris entre 20 heures et 6 heures. 
3. Travail de nuit régulier/périodique et travail de nuit temporaire – compensations
La loi sur le travail distingue le travail de nuit régulier ou périodique du travail de nuit temporaire

le travailleur qui effectue un travail de nuit régulier ou périodique est un travailleur occupé pendant 25 nuits et plus par année
si tel n’est pas le cas, le travail de nuit est réputé temporaire.

Pour ce qui est du travail de nuit périodique ou régulier, la loi sur le travail prévoit que le travailleur a droit à un supplément en temps de 10 % dès la première nuit de travail. Dans le canton de Vaud, il a été considéré cette compensation de manière plus favorable puisque les heures de nuit sont comptabilisées à 120 %.Lorsqu’il s’agit d’un travail de nuit temporaire, il n’est pas question de compensation en temps, mais d’un supplément de salaire de 25 %.Pour ce qui est des médecins assistants et chefs de clinique, il ressort de l’article 15 de la Convention qui s’applique au CHUV que le travail de nuit est comptabilisé à 120 %, aucune distinction n’étant en revanche faite entre le travail de nuit périodique ou régulier et le travail de nuit temporaire.Il est clair que, le plus souvent, les médecins assistant et chefs de clinique appelés à travailler la nuit le font plus de 25 nuits par année. Mais il existe certainement des situations où tel n’est pas le cas, ce qui implique une contradiction entre la Convention et les règles fédérales, qui pourraient être invoquées si elles sont plus favorables.
4. Autres compensations
En plus du supplément en temps (cf. ch. 3 ci-dessus), la plupart des hôpitaux prévoient le versement d’une indemnité pour les heures travaillées de nuit.En l’état, à l’exception de ce qui est fixé dans la Convention collective conclue avec l’Hôpital Riviera-Chablais, ces indemnités ne sont pas obligatoires. Elles sont cependant répandues et peuvent se monter à CHF 4.-, CHF 5.-, voire CHF 7.- par heure de travail de nuit.
5. Limites
La loi sur le travail, comme les conventions collectives applicables dans le canton de Vaud fixent des limites à l’accomplissement du travail de nuit. Elles sont notamment les suivantes :

        la durée minimale du repos quotidien est de 12 heures, qui interviennent juste après le travail de nuit ;
        le travail de nuit est en principe de 10 heures au maximum, pauses incluses, dans un espace de temps de 12 heures.

 

Lire la suite

La vie nocturne au CHUV

Par la Dre Alexandra Mihalache
 
Les bruits dans le couloir s’approchent. Elles parlent fort et éclatent de rire – elles n’ont pas dû réaliser qu’il y avait encore quelqu’un. Puis, l’une des femmes de ménage arrivant devant le bureau, interrompt, surprise, ce qu’elle était en train de raconter à sa collègue. “Oh, pardon! Vous êtes encore là? On peut vite changer les poubelles?” Bien sûr qu’elles peuvent. Je jette un coup d’œil vers l’heure affichée au coin de l’ordinateur. 20h17. Grand temps de laisser tomber le 3ème rapport AI de la soirée et d’envisager le retour à domicile dans les meilleurs délais.
Je regarde par la fenêtre, la nuit a déjà envahi le monde extérieur. Le flux des voitures sur la rue de Bugnon s’est calmé et les lumières de l’autre côté de la rue (la patho?) se sont successivement éteintes. Je fais de même avec mon ordinateur, accroche ma blouse derrière la porte (vraiment, ça fait deux semaines qu’il faut que je la change!), je prends mon manteau, le sac, – un article à lire ce soir avant d’aller au lit? après un petit moment d’hésitation, je renonce. C’est assez pour aujourd’hui, et avec le téléphone de garde dans la poche, je risque d’être replongée dans la médecine plus tôt que je ne le voudrais de toute façon… Le bruit de la porte derrière moi, puis s’ensuit le petit exercice physique de la soirée: échapper à la PMU en essayant de pousser fort la porte du 07 qui ne veut pas s’ouvrir! C’est comme si quelqu’un n’acceptait pas qu’on cherche son bonheur (parfois) ailleurs. Périodiquement, on peut observer des techniciens qui tentent de réparer le mécanisme électronique de cette porte, qui se bloque systématiquement après 19h – ça n’a pas l’air de porter ses fruits… Ce dernier obstacle surmonté, me voilà enfin en route pour la maison.
03h48. “Vraiment désolé mais on a besoin de toi.” Il m’a fallu plusieurs secondes pour entendre le bruit du téléphone (pourtant si familier), décrocher, puis réaliser que la voix à l’autre bout du fil me demande de quitter mon lit bien chaud, sortir dans le froid de la nuit et retourner au CHUV. Ma deuxième moitié se retourne et murmure “Ils ne peuvent pas faire ça tout seuls?”, puis quelque chose d’incompréhensible, puis… se rendort.
Traverser Lausanne la nuit, c’est plus plaisant que le jour. Peu de trafic. Mais en revanche gare aux jeunes qui font la fête et traversent la rue sans trop se poser de questions, sans regarder surtout. La foule devant le Zinc est à son apogée. Quelques futurs candidats pour les urgences, sans doute. On verra au petit matin. A l’entrée du 05, la réceptionniste me regarde d’un air dubitatif. Mais, mon pas décidé semble lui faire comprendre que je dois, en quelque sorte, faire partie de la maison. Le grand monsieur aux épaules larges paraît moins convaincu. Il me suit jusqu’à mon bureau puis apparaît dans le cadre de la porte quand je suis en train d’enfiler ma blouse (vraiment, il faut que je la change!). “Je pourrais voir votre badge, s’il vous plait?” Je lui montre l’objet de convoitise et hésite intérieurement entre l’agacement et le sentiment pas désagréable de travailler dans un endroit protégé. Il hoche sa tête. “Merci. Au revoir.” Pas un homme très causant…
Je file vers l’unité 2. En passant par les couloirs, on traverse les urgences. Ça a l’air d’être une nuit calme pour eux; pas de déchoc en cours, ça discute, ça grignote des p’tits gâteaux. “Salut.” “Salut! Tu viens pour une consulte ou tu es insomniaque?” Finalement, j’arrive aux soins, je cherche : derrière un rideau, le technicien d’endoscopie. „Ils ne t’ont pas laissée tranquille, hm?“ Je souris un peu, consciente de mon teint un peu pâle et de mes cheveux mal coiffés. Puis c’est masque, gants, blouse – et voilà l’assistante des soins. “Hello! Ça va? Réveillée? On est prêts. Tu reste pour un petit café après?”. Quelle énergie! Café!? Mais, ils ne dorment jamais, ces gens? Moi, je rêve de mon lit et crains déjà la consultation de demain matin… “C’est très aimable. Volontiers la prochaine fois!” Elle viendra vite, cette prochaine, puisqu’une deuxième demande s’enchaîne.
Quand je me dirige, deux heures plus tard, vers la sortie du bâtiment, les premières machines de nettoyage sont en route dans les couloirs. Ça ne doit pas être un métier facile… Lorsque je travaillais aux urgences, ce bruit annonçait la fin de la nuit, l’arrivée proche du petit déj et de la sieste. Maintenant, je ne peux pas m’empêcher de compter les rares heures qui me restent avant qu’une journée “normale” ne recommence. En sortant par la porte tournante des urgences, j’aperçois de l’autre côté la gastro qui arrive. Petits yeux, un pas pressé. La prochaine victime du téléphone rouge!
Je rentre. La Punto traverse à nouveau la Place St François. La queue devant le Zinc a disparu,  les derniers petits groupes d’oiseaux de nuit sont en train de se disperser.
Deux heures plus tard, le réveil sonne. A brand new day in paradise.

Lire la suite

Formation – installation au cabinet 2015

Vous avez toujours rêvé de vous installer?Vous doutez ou vous souhaitez vous lancer?
 
 
 
 
 
 
Dans le cadre du Partenariat Privé-Public SVM-DSAS, le groupe de travail “Relève et formation” a, en collaboration avec le CHUV, l’IUMF et l’ASMAV, mis en place un programme de formation à l’installation en cabinet.
La formation contient trois volets répartis sur trois jours:

Le 1er: J’AIMERAIS M’INSTALLER (16.09.2015)répondra aux questions préliminaires à l’installation : cadre légal, choix de la forme juridique à adopter, lieux d’installation, reprise du cabinet, etc…

 

Le 2ème:  JE VAIS M’INSTALLER (30.09.2015)donnera des réponses concrètes relatives aux questions de financement, assurances, management, locaux, personnel, support informatique, facturation, gestion de l’agenda, etc…

Le 3ème: JE M’INSTALLE, cas pratiques (07.10.2015)consistera en une étude de cas d’un business plan

 
Dans un cadre convivial, la formation offre la possibilité d’obtenir des informations personnalisées grâce aux médecins et autres professionnels qui s’engagent à répondre aux questions qui vous préoccupent.
 
RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTIONSSecrétariat du centre de formation du CHUVTél. +41 21 314 05 02Email : Evalie.giroud[at]chuv.ch
Prix CHF 120.- pour les parties 1 et 2Prix CHF 180.- pour les parties 1,2 et 3

Lire la suite

Ancien membre de l’ASMAV: portrait

S’engager à l’ASMAV : dans quel intérêt ? Comment trouver le temps ?  Faut-il s’y connaître ? Quel risque pour ma carrière ?  …Toutes ces questions habituelles et légitimes apparaissent lorsque l’on réfléchit à la possibilité de s’investir dans l’ASMAV. Nous vous proposons des pistes de réponses à travers des interviews d’anciens membres actifs de l’ASMAV.
 
 
Aujourd’hui, retour sur le parcours de Patrick Wilson, ancien Président de l’ASMAV de 2005 à 2010.
Jurassien d’origine, il a terminé ses études de médecine à Genève en 2001. Après avoir travaillé 2 ans et demi dans les Hôpitaux du Jura, il rejoint le CHUV en 2004. Il y fait un FMH en médecine interne et un FMH en néphrologie. Après un séjour en France durant une année et un bref retour au CHUV, il repart pour le Jura. En 2013, il est nommé médecin-chef de l’Unité de néphrologie et dialyse au sein du Service de médecine de l’Hôpital du Jura.
 
 
Quand t’es-tu engagé dans le comité de l’ASMAV ?
En fait, avant d’arriver à l’ASMAV, de 2001 à 2004, j’ai été membre du comité, puis Président de l’ASMAJ, la section jurassienne de l’ASMAC. Nous y avions fait une grève en décembre 2001 avec la demande de négocier les contrats des médecins assistant.e.s (MA) et chef.fe.s de clinique (CDC). Cela nous a permis d’y introduire les conditions cadre de la Loi sur le Travail (LTr), dont les 50 heures. C’était bien avant la LTr… et avant la Convention vaudoise!
Je quitte ensuite le Jura pour le CHUV en 2004. Et après quelques mois, le comité de l’ASMAV me propose de les rejoindre. A ce moment-là, les postes de président et de vice-président étaient vacants et plusieurs membres du comité sur le départ. L’association était virtuellement morte à l’époque: après la grève des crayons de 2003 (les médecins avaient arrêté de facturer leurs prestations pour inciter le Conseil d’Etat à revoir leurs conditions de travail), puis la signature de la Convention Collective de Travail en 2003, le comité était épuisé et ses membres avaient le sentiment légitime d’avoir fait leur part du boulot… C’est donc un peu sous la pression car personne ne voulait de ce poste, avouons-le, que je reprends la Présidence de l’ASMAV en novembre 2005…
 
Pourquoi t’es-tu engagé dans le comité de l’ASMAV ?
Après quelques mois de flottement à peine en 2004-2005, l’ASMAV avait presque cessé d’exister aux yeux de nos interlocuteurs traditionnels, dont les employeurs. Je trouvais dommage de laisser disparaître une association si importante pour les MA et CDC. En effet, je pense que l’on peut faire bien mieux et au bénéfice de tout le monde, en terme d’organisation de travail, de formation, et en fin de compte de qualité pour les patients.
 
Quelles sont les actions de l’ASMAV qui t’ont le plus marqué lors de ton implication dans le comité ?
L’édition des trois brochures de l’ASMAV entre 2006 et 2008 (en raison du travail que ça m’a demandé et par l’effet qu’elles ont eu), la renégociation de la CCT en 2007-2008 et les révisions du deuxième pilier en 2006-2007 ont été des actions marquantes. Mais finalement, c’est surtout la myriade de petites interventions tantôt pour des cas particuliers ou tantôt généraux qui m’ont le plus marqué. Ces nombreuses actions « invisibles », sont, à mon avis, aussi importantes que les « grandes ».
Pour remettre tout cela dans le contexte d’une association en pleine crise en 2005: dès mon arrivée à la Présidence, il a fallu reprendre un nombre important de dossiers en déshérence et dépenser beaucoup d’énergie pour réoccuper le « terrain». La CCT existait, mais il fallait maintenant l’appliquer. Et en plus, il y avait la LTr entrée en vigueur le 1.1.2005… Il fallait donc en parallèle expliquer tout cela aux membres de l’association et aux employeurs.
Sur le fond, j’ai surtout voulu nouer des liens entre partenaires, créer une structure associative le plus durable possible, et aussi promouvoir l’information en interne et en externe. Après quelques efforts, une équipe s’est construite pour devenir un véritable comité, et des structures ont pu être mises en place lentement: constitution de commissions internes, d’un secrétariat professionnel,… Cela a permis la création de bulletins d’information, un site internet remis à jour et complété, la publication de diverses brochures (ABC légal, brochure d’installation au cabinet, guide pratique pour les parents) et de calendriers, l’organisation ou participation à diverses manifestations comme « Ton toubib se bouge » aux 20km de Lausanne, la participation à plusieurs campagnes politiques fédérales et cantonales sur des thèmes liés à la santé, un rapprochement avec la Société Vaudoise de Médecine (SVM) et l’AMOV (ancien MF-Vaud), ou encore un engagement dans le projet de « Cursus Romand de Médecine de Premier Recours »,…
En parallèle, je me suis personnellement engagé à l’ASMAC-Suisse en intégrant son comité directeur, ce qui représentait pas mal de réunions à Berne, mais permettait d’élargir nos horizons, faire entendre notre voie romande à Berne, et profiter (et faire profiter!) des expériences de chacun.
 
Qu’as-tu appris de ton implication dans l’ASMAV ?
Beaucoup de choses :
Pour faire autant d’heures à l’ASMAV en plus du boulot, j’ai dû apprendre à gagner en efficacité !
J’ai aussi appris que l’on peut nouer de bonnes relations avec des partenaires d’allure opposée quand on prend le temps de se connaître et de se respecter. Les employeurs ont parfois des soucis différents de ceux des employés, mais dans la plupart des cas, je n’ai pas vu d’opposition viscérale au changement. Il existe souvent une tendance à retarder la mise en évidence de problèmes ou l’application de solutions. S’il s’agit parfois de mauvaise foi évidemment, c’est le plus souvent pour s’éviter du travail ou des dépenses.
J’ai aussi appris que la négociation et la signature d’un accord est une chose bien plus simple que son application. Cette seconde phase est moins spectaculaire, mais c’est bien elle qui prend le plus de temps et d’énergie… d’ailleurs, le travail n’est pas terminé !
Sur un autre registre, je retire aussi beaucoup de plaisir des liens d’amitié que j’ai pu créer avec des collègues au sein du comité ou de l’association.
 
Est-ce que ton implication dans l’ASMAV a modifié tes projets de carrière ?
Non, je ne pense pas. Cependant, en voyant comme les choses fonctionnent, et ce que l’on peut encore améliorer, j’ai peut-être été influencé dans la poursuite d’une carrière hospitalière. Cela dit, si je n’avais pas eu l’opportunité et la chance que j’ai eue, je me serais installé sans regret.
 
Avec les horaires de médecin assistant (et une famille), comment trouver du temps pour participer à des activités extra professionnelles?
Il faut avant tout être convaincu… ensuite, la nécessité est la mère de toutes les solutions.
 
Pourquoi est-ce important de s’engager dans l’ASMAV selon toi ?
·      Faire entendre sa voix, personnelle et collective 
·      Participer à l’effort collectif d’amélioration continue (il y aura toujours des choses à faire)
·      Elargir son horizon et ses points de vue en se confrontant à d’autres en interne comme en externe
 
Si tu devais recommencer, referais-tu partie du comité de l’ASMAV?
Oui. Mais, bien sûr, il y aurait sans doute certaines choses que je ferais différemment, sur la forme surtout, et parfois aussi sur le fond.

Lire la suite

Logbook électronique, mini-CEX, DOPS: quésako?

Le mini-Clinical Evaluation Exercice (Mini-CEX) et la Direct Observation of Procedural Skills (DOPS) sont deux instruments internationalement reconnus pour l’évaluation en milieu de travail (EMiT) et utilisés pour encourager les médecins-assistants de manière ciblée[1]. Ils permettent, grâce à des grilles d’évaluation structurées, d’apprécier les compétences médicales des médecins assistant.e.s.Le mini-CEX est basé sur l’interaction avec le patient ou ses proches alors que la DOPS évalue les gestes techniques. L’objectif de ces évaluations, si possible effectuées régulièrement, est de documenter les progrès effectués ou les objectifs de formation du médecin assistant.e, il ne s’agit pas d’un examen.Chaque société de discipline défini quels thèmes doivent être évalués dans ces questionnaires ainsi que le nombre de mini-CEX et de DOPS nécessaires, cependant, l’ISFM a instauré un minimum obligatoire de 4 EMiT (mini-CEX ou DOPS) par année calendaire et par médecin assistant.e.Les informations concrètes sur le déroulement de l’évaluation sont disponibles sur le site de la FMH.Le logbook électronique est une banque de données en ligne qui permet de documenter la formation postgraduée des médecins assistants[2]. Ce document contient les prestations fournies durant la formation, les progrès réalisés (interventions, examens, compétences), les certificats ISFM/FMH ainsi que les autres activités effectuées durant la formation (cours, publications, examens …). Les mini-CEX et mini-DOPS ne sont pas directement inscrits dans le logbook mais le lieu et la date de ces évaluations y sont mentionnés. L’objectif est qu’à la fin de la formation, le logbook puisse être une base pour l’octroi du titre de formation postgraduée.L’obligation de remplir un logbook est déterminée par la spécialité choisie par le médecin assistant.e et par la date à laquelle il/elle terminera sa formation. Pour les médecins assistant.e.s qui termineront leur formation après le 30 juin 2015, la demande de titre de formation postgraduée pourra se faire uniquement par l’intermédiaire du logbook électronique.  Cela signifie que toute la formation devra être documentée au moyen du logbook électronique.Certains titres de formation postgraduée sont soumis à des dérogations particulières :

Médecine interne générale : 31.12.2015
Anesthésiologie : 31.12.2017
Hématologie : 31.12.2015
Pédiatrie : 31.12.2016
Chirurgie orthopédique et traumatologie : 31.12.2017
Oto-rhino-laryngologie : 31.12.2017
Rhumatologie : 31.12.2015

Concrètement, pour remplir un logbook électronique, le médecin assistant.e doit disposer d’un compte sur le site myfmh.ch. Tout médecin peut obtenir un code qu’il soit membre ou non de la FMH.Toutes les informations concernant le logbook sont sur le site de la FMH.
Il est donc important à partir de 2015 de remplir :

4 mini-CEX ou DOPS par année et par médecin assistant.e
de remplir le logbook électronique dès juillet 2015

[1] http://www.fmh.ch/files/pdf16/aba_infoblatt_f.pdf[2] http://www.fmh.ch/files/pdf15/20141111_e-Logbuch-Merkblatt-Assistenten-F_def.pdf

Lire la suite