
Ancien membre de l’ASMAV: portrait
S’engager à l’ASMAV : dans quel intérêt ? Comment trouver le temps ? Faut-il s’y connaître ? Quel risque pour ma carrière ? …Toutes ces questions habituelles et légitimes apparaissent lorsque l’on réfléchit à la possibilité de s’investir dans l’ASMAV. Nous vous proposons des pistes de réponses à travers des interviews d’anciens membres actifs de l’ASMAV.
Aujourd’hui, retour sur le parcours de Patrick Wilson, ancien Président de l’ASMAV de 2005 à 2010.
Jurassien d’origine, il a terminé ses études de médecine à Genève en 2001. Après avoir travaillé 2 ans et demi dans les Hôpitaux du Jura, il rejoint le CHUV en 2004. Il y fait un FMH en médecine interne et un FMH en néphrologie. Après un séjour en France durant une année et un bref retour au CHUV, il repart pour le Jura. En 2013, il est nommé médecin-chef de l’Unité de néphrologie et dialyse au sein du Service de médecine de l’Hôpital du Jura.
Quand t’es-tu engagé dans le comité de l’ASMAV ?
En fait, avant d’arriver à l’ASMAV, de 2001 à 2004, j’ai été membre du comité, puis Président de l’ASMAJ, la section jurassienne de l’ASMAC. Nous y avions fait une grève en décembre 2001 avec la demande de négocier les contrats des médecins assistant.e.s (MA) et chef.fe.s de clinique (CDC). Cela nous a permis d’y introduire les conditions cadre de la Loi sur le Travail (LTr), dont les 50 heures. C’était bien avant la LTr… et avant la Convention vaudoise!
Je quitte ensuite le Jura pour le CHUV en 2004. Et après quelques mois, le comité de l’ASMAV me propose de les rejoindre. A ce moment-là, les postes de président et de vice-président étaient vacants et plusieurs membres du comité sur le départ. L’association était virtuellement morte à l’époque: après la grève des crayons de 2003 (les médecins avaient arrêté de facturer leurs prestations pour inciter le Conseil d’Etat à revoir leurs conditions de travail), puis la signature de la Convention Collective de Travail en 2003, le comité était épuisé et ses membres avaient le sentiment légitime d’avoir fait leur part du boulot… C’est donc un peu sous la pression car personne ne voulait de ce poste, avouons-le, que je reprends la Présidence de l’ASMAV en novembre 2005…
Pourquoi t’es-tu engagé dans le comité de l’ASMAV ?
Après quelques mois de flottement à peine en 2004-2005, l’ASMAV avait presque cessé d’exister aux yeux de nos interlocuteurs traditionnels, dont les employeurs. Je trouvais dommage de laisser disparaître une association si importante pour les MA et CDC. En effet, je pense que l’on peut faire bien mieux et au bénéfice de tout le monde, en terme d’organisation de travail, de formation, et en fin de compte de qualité pour les patients.
Quelles sont les actions de l’ASMAV qui t’ont le plus marqué lors de ton implication dans le comité ?
L’édition des trois brochures de l’ASMAV entre 2006 et 2008 (en raison du travail que ça m’a demandé et par l’effet qu’elles ont eu), la renégociation de la CCT en 2007-2008 et les révisions du deuxième pilier en 2006-2007 ont été des actions marquantes. Mais finalement, c’est surtout la myriade de petites interventions tantôt pour des cas particuliers ou tantôt généraux qui m’ont le plus marqué. Ces nombreuses actions « invisibles », sont, à mon avis, aussi importantes que les « grandes ».
Pour remettre tout cela dans le contexte d’une association en pleine crise en 2005: dès mon arrivée à la Présidence, il a fallu reprendre un nombre important de dossiers en déshérence et dépenser beaucoup d’énergie pour réoccuper le « terrain». La CCT existait, mais il fallait maintenant l’appliquer. Et en plus, il y avait la LTr entrée en vigueur le 1.1.2005… Il fallait donc en parallèle expliquer tout cela aux membres de l’association et aux employeurs.
Sur le fond, j’ai surtout voulu nouer des liens entre partenaires, créer une structure associative le plus durable possible, et aussi promouvoir l’information en interne et en externe. Après quelques efforts, une équipe s’est construite pour devenir un véritable comité, et des structures ont pu être mises en place lentement: constitution de commissions internes, d’un secrétariat professionnel,… Cela a permis la création de bulletins d’information, un site internet remis à jour et complété, la publication de diverses brochures (ABC légal, brochure d’installation au cabinet, guide pratique pour les parents) et de calendriers, l’organisation ou participation à diverses manifestations comme « Ton toubib se bouge » aux 20km de Lausanne, la participation à plusieurs campagnes politiques fédérales et cantonales sur des thèmes liés à la santé, un rapprochement avec la Société Vaudoise de Médecine (SVM) et l’AMOV (ancien MF-Vaud), ou encore un engagement dans le projet de « Cursus Romand de Médecine de Premier Recours »,…
En parallèle, je me suis personnellement engagé à l’ASMAC-Suisse en intégrant son comité directeur, ce qui représentait pas mal de réunions à Berne, mais permettait d’élargir nos horizons, faire entendre notre voie romande à Berne, et profiter (et faire profiter!) des expériences de chacun.
Qu’as-tu appris de ton implication dans l’ASMAV ?
Beaucoup de choses :
Pour faire autant d’heures à l’ASMAV en plus du boulot, j’ai dû apprendre à gagner en efficacité !
J’ai aussi appris que l’on peut nouer de bonnes relations avec des partenaires d’allure opposée quand on prend le temps de se connaître et de se respecter. Les employeurs ont parfois des soucis différents de ceux des employés, mais dans la plupart des cas, je n’ai pas vu d’opposition viscérale au changement. Il existe souvent une tendance à retarder la mise en évidence de problèmes ou l’application de solutions. S’il s’agit parfois de mauvaise foi évidemment, c’est le plus souvent pour s’éviter du travail ou des dépenses.
J’ai aussi appris que la négociation et la signature d’un accord est une chose bien plus simple que son application. Cette seconde phase est moins spectaculaire, mais c’est bien elle qui prend le plus de temps et d’énergie… d’ailleurs, le travail n’est pas terminé !
Sur un autre registre, je retire aussi beaucoup de plaisir des liens d’amitié que j’ai pu créer avec des collègues au sein du comité ou de l’association.
Est-ce que ton implication dans l’ASMAV a modifié tes projets de carrière ?
Non, je ne pense pas. Cependant, en voyant comme les choses fonctionnent, et ce que l’on peut encore améliorer, j’ai peut-être été influencé dans la poursuite d’une carrière hospitalière. Cela dit, si je n’avais pas eu l’opportunité et la chance que j’ai eue, je me serais installé sans regret.
Avec les horaires de médecin assistant (et une famille), comment trouver du temps pour participer à des activités extra professionnelles?
Il faut avant tout être convaincu… ensuite, la nécessité est la mère de toutes les solutions.
Pourquoi est-ce important de s’engager dans l’ASMAV selon toi ?
· Faire entendre sa voix, personnelle et collective
· Participer à l’effort collectif d’amélioration continue (il y aura toujours des choses à faire)
· Elargir son horizon et ses points de vue en se confrontant à d’autres en interne comme en externe
Si tu devais recommencer, referais-tu partie du comité de l’ASMAV?
Oui. Mais, bien sûr, il y aurait sans doute certaines choses que je ferais différemment, sur la forme surtout, et parfois aussi sur le fond.