Femmes, personnel soignant…quand rien ne bouge

 La couleur de l’impatience

La vague violette a, de nouveau, déferlé dans les villes suisses. Défilé, minute de silence, chansons, slogans et messages scandés haut et fort, les Suissesses se sont une fois de plus mobilisées en ce lundi 14 juin dernier.

Au cœur des revendications figuraient la bataille contre le relèvement de l’âge de la retraite, la hausses des salaires et une protection contre les violences sexistes et sexuelles. Une fois de plus…Cinquante ans après l’introduction du droit de vote des femmes, quarante ans après l’inscription du principe d’égalité dans la Constitution, trente ans après la première grève des femmes et deux ans après la grève féministe de 2019, les revendications sont « irrémédiablement d’actualité » à en écouter les militantes. L’adoption de la loi sur l’égalité date vingt-cinq ans en arrière et n’y a rien changé.

Selon les collectifs, les inégalités se sont même creusées et la situation pandémique Covid-19 n’a fait qu’accentuer le phénomène et le rendre encore plus visible. Le travail des femmes n’est ni reconnu équitablement et à parité, ni rémunéré correctement, dénoncent les militantes. Des salaires inférieurs dans beaucoup de secteurs d’activités économiques, du travail non rémunéré avec pour effet délétère des rentes indécentes, des emplois à temps partiel qui plombent la carrière.

En corolaire à ceci, une discrimination de genre oppressante dans le milieu du travail, un sexisme omniprésent dans la sphère professionnelle et en société, les violences faites aux femmes en privé ou sur le lieu de travail, le harcèlement sexuel comme argument à la promotion de carrière quand il ne ‘agit pas d’abus sexuel dûment nommé. La situation des femmes peut changer…elle doit changer et pourquoi pas dans un premier temps sous l’impulsion de règles qui se mettraient à changer dans le monde du travail. Les consciences se sont éveillées, les exactions sont dénoncées, mais les changements tangibles et profonds restent à être définis.

L’ASMAV faisait part des revendications des médecins femmes lors de la mobilisation du 14 juin 2019 qui rejoignent en un bon nombre de points celles de femmes en général : parentalité équilibrée, droits des femmes enceintes respectés, égalité des chances dans la promotion de la carrière, tolérance zéro envers le sexisme et le harcèlement sexuel. Des revendications qui résonnent avec les révélations faites au grand public dans un grand fracas médiatique concernant le monde du travail (mouvements #hashtag, dénonciations dans la presse, littérature, témoignages) et qui brisent la loi du silence. Et si le temps était venu de croire dans un élan d’espoir que les grandes institutions embrassent ces valeurs égalitaires, les défendent sans discrimination, et dans l’exemplarité, montrent le chemin !

Le rouge de la colère

Oui, mais le monde du travail est chahuté et les conditions de travail malmenées a fortiori dans le domaine des soins qui subit de plein fouet la crise sanitaire. Des revendications qui dans ce contexte ne trouvent pas écho auprès des instances dirigeantes et autorités politiques.

Au CHUV, les formations professionnelles et syndicales constatent que les conditions de travail ne cessent de se dégrader. Sans tout mettre sur le dos de la Covid 19, les effectifs sont jugés insuffisants depuis quelque temps pour prendre en charge les patient.e.s et assurer des soins de qualité dans le respect des soignant.e.s.

Les représentations syndicales et autres formations professionnelles dans les soins lors d’une AG en octobre 2020 avaient adopté une résolution demandant au Conseil d’Etat l’ouverture de négociations autour des revendications suivantes : amélioration des conditions de travail notamment en augmentant les effectifs et en garantissant une meilleure conciliation entre vie privée et vie professionnelle; une revalorisation de certaines fonctions; l’octroi d’une prime COVID en reconnaissance de la pénibilité du contexte pandémique; lanticipation de mesures effectives d’urgence, en cas de nouvelle vague de COVID-19.

Depuis lors, les négociations ont conduit à l’obtention d’une prime Covid, qui ne répond pas à la revendication exprimée par l’AG du 10 octobre 2020, ni au périmètre des bénéficiaires voulu. Les autres revendications n’ont pas été acceptées par le Conseil d’Etat. Aucun effort budgétaire n’a été démontré non plus par ce dernier pour renforcer les effectifs au CHUV ou dans tout autre établissement de soins, une revendication centrale que partage l’ASMAV. Elle constate de plus le non-remplacement fréquent des congés maladie et maternité, et un process difficile dans la planification des heures.

Au vu de la situation, sur proposition des organisations signataires (CP-CHUV, SSP Vaud, SUD,…), à l’issue de l’assemblée générale du 25 mai 21, a été décidée une journée de grève du personnel actif dans le milieu des soins, le mercredi 23 juin prochain. Un appel à la population a également été lancé pour venir soutenir les soignant.e.s.

Eu égard au statut des médecins assistant.e.s, un appel direct à la grève n’est pas envisageable. Mais tout comme l’ASI, l’ASMAV est favorable à une mobilisation et à un soutien en faveur des revendications exprimées en commun avec les autres formations syndicales et professionnelles.

Une participation solidaire des médecins en formation peut s’exprimer par une présence aux réunions d’information en lien avec la grève ou durant le cortège; une prise de parole lors de la manifestation ou tout autre coup de main logistique, et ce selon les dispositions de chacun.e

Ainsi, une AG extraordinaire du personnel, organisée par la CP-CHUV, aura lieu vendredi 18 juin prochain à l’hôpital universitaire. Toute personne est invité.e à y participer physiquement (limitation à 100 personnes) ou par Webex. Toutes les infos sont sur Tribu. 

Un cortège se mettra en place dès 17h30 devant le Bugnon 21, le mercredi 23 juin avec une prise de parole d’employé.e.s du CHUV en préambule du cortège dont le départ est prévu à 18h15. Le trajet annoncé, en attente d’autorisation formelle, devrait être le suivant : Bugnon, Place de l’Ours, Martherey, Rue St-Pierre, Av. Benjamin Constant, Place St-François. La fin de la manifestation est annoncée aux alentours de 20h00.

Les différentes organisations syndicales se tiendront à disposition pour toutes les informations utiles à l’organisation de cette journée et à la participation solidaire à cette grève car en un mot… La santé, ça se soigne.